21 mai 2011

Saycet en interview au Festival Non Sens




Le Festival Non Sens continue à nous réserver de bonnes surprises ! A l'occasion de leur passage aux Joulins, nous avons rencontré Saycet, groupe d'électro/ambiance au live son et vidéo envoûtant.


Saycet, parlez-nous un peu de vous.

Pierre : Saycet c'est un groupe de musique électronique calme né en 2005 à Paris sur mon initiative. A la base j'étais seul puis j'ai été rejoint par Zita qui fait de la vidéo et par Phoene qui fait de la guitare et du chant. Et en live, on fait de la video et du son.


Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Pierre : Zita, on s'est rencontrés à une soirée. On a habité ensemble et on a travaillé ensemble. Phoene, on s'est rencontré sur Myspace. Elle avait un groupe que j'aimais bien, j'avais un groupe qu'elle aimait bien et après on a collaboré. Ça s'est fait au fur et à mesure du temps.


Est-ce que vous travaillez ensemble en live comme en studio ?

Pierre : Pour le premier album, j'étais tout seul. Le troisième album s'est fait à trois. Enfin, j'étais l'élément central et les filles ont apporté leur sensibilité aux différentes étapes de l'album. Par exemple, c'est Zita qui a trouvé le nom de l'album sachant qu'elle ne fait pas de musique. Il y a des morceaux qu'on a proposé avec Phoene, il y a des morceaux que j'ai faits tout seul, il y a des débuts de morceaux que j'ai composés et que Zita aimait énormément, et c'est elle qui m'a poussé à les finir...


C'est quoi le quotidien de Saycet ?

Pierre : Je pense qu'on a trois quotidiens complètement différents...


Est-ce que vous arrivez à vivre de votre musique ?

Phoene : Non.

Zita : Pierre, récemment.

Pierre : Moi, mon quotidien c'est étrange. C'est bien, je suis heureux. Je me lève, je vois ce que je fais de ma journée. Si j'ai envie de faire de la musique, j'en fait. Si j'ai pas envie, j'en fait pas et je culpabilise de ne pas en faire. Donc ça fait chier, j'en fais un peu mais c'est vraiment de la merde. Alors le lendemain, je n'en fait pas et ça fait du bien ! Ça dépend : le quotidien, ça change tout le temps. Je suis dans une période de composition pour les futurs projets de Saycet. Ala fois, je fais un peu de production, je produis un groupe en ce moment.


Quel groupe ?

Pierre : Il s'appelle Trésor. C'est un groupe de colwave/pop. Après, on va surement partir en tournée.


Dans Saycet, il y a aussi du vijing. Pourquoi ?

Zita : Ça s'est fait...

Phoene : Elle s'est imposée !

Zita : Non, ça s'est fait naturellement en fait. Au début, il a du y avoir 3 concerts sans vidéo, 3 dates bizarres où tu n'avais qu'un DJ. Et après, on a eu envie d'images pour accompagner la musique. Au début, il n'y avait qu'un écran puis on a divisé en trois...

Phoene : Je pense que ça reprend la transformation du groupe. Au départ, il y avait un cadre. A savoir que c'était un besoin d'exprimer. Pas juste une illustration mais accompagner la musique. Et finalement, puisqu'il y a 3 entités, c'était important d'assumer sur scène et de montrer qu'on était 3 maintenant.

Zita : Il y avait tous les 3 supports de projection en fait. La scéno a créé un univers particulier pour le live : la musique et les images forment un ensemble pour créer un espèce de cocon. Et on intègre le public dans cet univers, il y a aussi une espèce d'intimité, pluridisciplinaire. On dit souvent qu'on fait appel à tous les sens.

Phoene : Il y a vraiment ce désir d'englober les choses. Dans le projet, c'est Zita qui formule les choses, en tous cas le rapport des images à la musique. Il y a toujours en fait cette idée d'englober les gens, donc l'espace scénique est conçu pour nous englober. Après, on a fait une résidence au 104 [Espace Culturel Parisien, ndlr] par exemple à Paris, et des gens nous ont aidé pour la scéno. Des élastiques étaient tendus dans la salle, en-dessous des élastiques, des images étaient projetées aussi. Donc sur la scène, des images projetées et en même temps dans la salle des images. Ce qui fait qu'il y a quelque chose qui couvre tout comme l'épée de machin là [de Damoclès, ndlr]...

Zita : Ou sinon, une énorme géode... Plus on avance et on a envie d'aller plus loin dans le partage d'un espace de nous avec le public. D'ailleurs au 104 il y a eu tout un travail du son qui tournoyait aussi dans la fosse, comme au cinéma c'est surround. Il y avait en même temps le son et les images, comme ça, qui tournoyaient.


Où vous situez-vous tous les trois dans le paysage culturel ? Quelle étiquette mettriez-vous sur votre musique ?

Pierre : De moins en moins je pense. Parce qu'au début, tu as peut-être envie de mettre une étiquette. Tu es en train de te former... pour ma part, je m'en fiche un peu. Après, il y a plein de groupes qu'on adore, tu vois, sur lesquels on n'a pas forcément envie de s'affilier... ou si, peut-être. On a joué avec un groupe Français qui s'apelle Manatee, on a trouvé ça mortel. Je pense qu'on sera amenés à se recroiser. Manatee, c'est un groupe de rock/pop/psyché qui pourrait se revendiquer d'Animal Collective ou ce genre de mouvance. Mais après, on fait notre petit truc à nous, on est dans plein de trucs, mais on n'est pas forcément affiliés.

Phoene : Et on aime les choses qui se retrouvent pas forcément...

Pierre : ... dans l'univers de Saycet en soi, quoi.


Sur le Myspace et le Facebook de Saycet, il y a un site de Saycet, mais qui renvoie sur un site de cours d'Anglais... Pourquoi ?

Pierre : Parce qu'en fait, on avait un site avant qui s'appelait saycet.fr. On ne l'a pas renouvelé et le nom a été pris et maintenant c'est un site d'Anglais. Faut qu'on l'enlève en fait. C'est drôle... C'est très récent ! En fait, il y a un an, on avait un site et on a lâché l'affaire.

Phoene : Il y des gens qui nous ont piqué notre nom de domaine quoi... Putain !


Quelles sont vos prochains projets, collaborations, tournées ?

Pierre : On a des grosses tournées en prévision sauf qu'en fait aujourd'hui, on ne sait toujours pas si on part ou pas. Mais on va toucher du bois. On est sensés partir faire de la Chine en juillet, faire la Chine en 7 dates. A la rentrée, on doit avoir 2 dates en France et après normalement on repart en Asie du Sud-Est en novembre, on fait Singapour, Taïwan, Corée, Indonésie, Malaisie. Ca, c'est pour Through the Window notre deuxième album qui est fini depuis un an et demi déjà. Donc là on est train de bosser sur un troisième truc qui sera surement un ciné concert et qui aboutira surement sur un album pour 2012.


Ce sera sur quel film ?

Pierre : Ah ! Ca, je ne le dis pas. Secret !


Qu'est-ce que vous pensez de la façon dont les gens aujourd'hui écoutent de la musique, comment ça se développe ?

Pierre : Je trouve ça génial. J'ai l'impression, mais peut-être aussi parce que je deviens de plus en plus curieux qu'aujourd'hui... J'aurais 15 ans aujourd'hui, j'aurais accès à beaucoup plus de musique qu'à l'époque où j'avais 15 ans en fait.

Zita : C'est peut-être aussi à cause d'Internet, on a plus la possibilité de découvrir des choses, des projets musicaux qui auraient été plus difficiles à trouver dans les années 80. Et grâce à Internet, en fait, ça saute un peu...

Pierre : Les communautés peuvent se retrouver plus facilement.

Zita : On va aller sur la maquette découvrir un groupe, c'est plus direct. On n'est plus dépendant de la sélection du vendeur de la Fnac. Et il y a des choses, avec des projets plus petits, auxquels on a accès plus facilement et c'est hyper intéressant. C'est assez foisonnant dans le monde entier, et ça c'est assez chouette.

Pierre : Quand j'étais au lycée, j'avais 5 potes qui avaient les mêmes goûts que moi. Aujourd'hui, potentiellement, il y a un million de potes qui ont les mêmes goûts que toi. Moi, à l'époque, j'aurais vraiment aimé avoir ces trucs de communauté en fait. Grâce à ce média là aujourd'hui, tu peux écouter vachement plus de choses qu'à l'époque. Du coup, tu as une propagation de la musique et de la culture qui est... Aussi, le revers de la médaille, c'est que c'est plus éphémère : il y a tellement de choses qui sortent que tu es vite has-been ou vite oublié parce qu'il y a un autre groupe qui va sortir et qui va être mortel... culture chewing-gum ! Après, il y a des supers trucs qui restent. Et finalement, c'est peut-être ce qui serait resté il y a 15 ans, mais on ne peut pas le savoir. Mais j'ai quand même l'impression d'écouter plus de choses.

Zita : On a l'impression qu'il y a plus la possibilité de liberté aussi, dans les choses à faire. Tu fais un Myspace, tactac tu fais ta musique, t'as pas besoin de sortir un CD au tout début. Tu balances tes mp3 sur des blogs et tout ça. Commme ça, j'ai l'impression qu'il y a la possibilité de plus de liberté au niveau de l'informel.

Pierre : Ca voyage.


Pensez-vous que le public est de plus en plus ouvert d'esprit ?

Pierre : Je ne pense pas : la meilleure vente de l'année dernière, c'est Les Prêtres. Ca veut tout dire, je crois. 700 000 albums, c'est Les Prêtres. Je pense qu'on peut finir la-dessus, c'est class, non ?

[Rires]


Dernière question, Saycet a quoi dans son grenier ?


Pierre : On habite à Paris !

Phoene : Ma grand-mère !

Zita : Toutes mes cassettes vidéos enregistrées. Elles y sont, enfin... elles sont dans ma cave. Il y a ma vaisselle des grands-parents et il y a plein de choses ! Tout, tout, tout ! Les gameboys en noir et blanc qu'on avait en primaire... des sculptures de tickets de métro.

Pierre : Ah ouais, elle a fait des sculptures géantes de tickets de métro.

Zita : C'est pas des trucs que tu peux garder dans ta chambre, mais tu les gardes. C'est vrai que c'est bien d'avoir un grenier ou une cave pour garder ces choses qu'on ne peut pas jeter et qu'on a envie de garder quand même.

Pierre : Tu mets ta vie passée dans ton grenier. Tu mets ta vie que tu n'as pas envie d'oublier et tu y vas de temps en temps pour t'en souvenir, tu verses une petite larme, tu te dis que c'était bien avant. Et après, tu te pends... dans ta cave ! [Rires]

Phoene : Justement pour poétiser un peu les choses, j'aurais dit tu fais des portraits, enfin des pola parce que j'adore les polas. Et ce serait les polaroïds de toutes les personnes que j'ai rencontrées et que j'ai aimées.


Interview du Grenier en collaboration avec Kevin Mc Callister de Tits & Acid.

Pour en savoir plus sur Saycet, leur myspace.

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