26 juin 2011

HK, saltimbanque sans frontières

Fils d'immigrés algériens, HK a quitté son Nord natal pour venir crier sa rage devant le public nombreux de Saint Paterne-Racan samedi soir. Le Grenier a rencontré ce chanteur passionné de rencontres et d'histoires, tout en simplicité et en douceur.





C'est la première fois que vous venez en Touraine ?

J'ai une très mauvaise perception géographique mais il me semble qu'on est déjà venus. Nous avons joué à Saint Pierre des Corps pour un festival, mais il pleuvait alors le public n'était pas vraiment au rendez-vous. On attend de voir ce soir.

Vous partagez les mêmes valeurs que l'association Bouge ton Bled et que les Kampagn'arts ?
Il y a pas de hasard. C'est une convergence entre les artistes et les programmateurs. Nous avons quelque chose à dire au public alors quand les organisateurs portent aussi les mêmes valeurs que nous c'est parfait. S'il fallait résumer en un mots ces valeurs, pour nous ce serait l'équilibre. Le monde se déséquilibre. On est un peu altermondialistes dans l'âme. On prend notre temps, d'emprunter un autre chemin moins sécuritaire, plus fou, utopique. Il faut redonner du sens à l'utopie, qui est un gros mot en France.

Il n'y a plus de sens aujourd'hui ?
Si et malheureusement il est très clair en France : on va vers toujours plus d'individualisme pour une jeunesse anesthésiée comme dit Stéphane Hessel et son Indignez-vous. Sa parole est légitimée par l'expérience qu'il a, son engagement dans la Résistance. Nous on se reconnaît dans ce qu'il dit et à voir qu'on l'insulte, qu'on le traite de vieux fou, on est de plus en plus persuadés d'être dans le vrai. Lui parle de citoyen sans frontières, moi je parle de citoyen du monde.

C'est quoi être un citoyen du monde ?
C'est le fait de ne pas se positionner géographiquement. Ne pas se sentir comme appartenant à un territoire. Par exemple, je suis né à 500 mètres de la frontière belge et il faudrait que je trouve des raisons d'être fier d'être français. Ça n'a pas de sens pour moi. Être citoyen du monde c'est être attaché à des valeurs ou à des combats. Je suis israélien quand Israël se révolte, égyptien contre la dictature, chilien contre Pinochet. Pour moi on doit pouvoir choisir son histoire. Cette histoire, ce n'est pas l'histoire d'une nation mais de révolutions.

Comment avez-vous vécu les révolutions arabes, du fait de votre engagement et de votre histoire personnelle ?
Tous ces évènements me rappellent une chanson du Ministère des Affaires Publiques, qui s'appelle « Un air de révolution » qui dit « Sens-tu comme un parfum de révolution qui flotte dans l'air? Par delà les nations, la révolte est planétaire. Ça ne sent pas la rose, non, ça sent plutôt le souffre. De ces moments de l'histoire où la roue tourne jusqu'à t'en couper le souffle.Vois-tu un à un tous ces peuples opprimés qui se soulèvent. Ce n'est peut être qu'un début mais ne pense pas que tout cela ne soit qu'un rêve. » Tous ça nous rappelle notre vision et nos aspirations au soulèvement, même en France. Ici la démocratie est de plus en plus virtuelle, de quoi décide-t-on ? Le peuple ne décide pas puisque la France a peur du peuple et de la démocratie.

Est-ce que ça va changer quelque chose dans votre musique ?
Nous avons une limite à l'engagement : ça ne doit pas devenir un fond de commerce. On a pas de problème à chanter le futile. Les combats se succèdent et rien ne change. Ce sont ces histoires là que j'aime raconter. Pour le conteur, tout est bon à raconter, sans être prisonnier de l'engagement. C'est l'image même du saltimbanque qui s'engage sur un sentier sinueux, plus crade, plus fou, plus raisonné.

Le myspace de HK ici

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