11 septembre 2011

Chinese Man, ou les marseillais débridés


Vous avez tous déjà forcément dansé sur les tubes de I've Got That Tune, Ordinary Man ou Pandi Groove, issus des  Groove Session de Chinese Man. Eh oui, les trois marseillais High Ku, Sly et Zé Matéo savent remuer les foules ! Alors qu'ils venaient de sortir leur premier CD : Racing with the Sun, ils étaient de passage à Terres du Son le 10 juillet dernier. Nous en avons donc profité pour rencontrer Taïwan MC (MC de Chinese Man sur la tournée Racing with the Sun), High Ku (DJ et producteur de Chinese Man, et fondateur du label avec Sly et Zé Mateo) et Lush One (la moitié de Rollin Rockers avec Plex Rock MC avec Chinese Man records, de Los Angeles) avant le final show de ce festival, dernier concert qui a aussi illuminé le reste de notre été !

Chinese Man, avant d'être un groupe, c'est surtout un label. Pouvez-vous nous parler de votre label ? Qui signez-vous, comment marchez-vous ?

High Ku :
Jusqu'ici, on ne signait personne, on a fait un label pour produire nos potes. En fait, Chinese man records, ça a commencé avec nous trois, avec Zé Matéo, Sly, DJ Le Yan, Léon le Bug, tous les gens qui composaient autour de nous. Là, on commence juste à travailler avec de nouveaux groupes, et notamment Deluxe pour lequel on va vraiment essayer de faire une sortie classique. Donc on commence à avoir un vrai rôle de label. Pour le moment, ça ressemble plus à un collectif parce qu'on gère tout en indépendant. C'est surtout un grosse équipe pour la tournée et une autre en interne qui gère la promotion, la gestion du site Internet, la vente en ligne, les contrats de distribution, un joyeux bordel en somme ! Ce sont plein de potes qui essaient de faire du mieux qu'ils peuvent, tout en restant indépendants et qui défendent leurs idées et leur musique au gré des festivals.


Tu parles d'indépendance, j'ai été très surpris de voir votre dernier album encore sortir en indépendant ! Vous avez connu un énorme buzz et la suite logique aurait pourtant été de sortir sur une major... Pourquoi ?

High Ku :
Parce qu'on n'avait pas envie de refiler ce qu'on s'était fait chier à faire pendant des années à une major company qui n'avait jamais rien eu à faire de nous avant ça. Donc on a préféré rester en indépendant. En plus, on doutait fortement de leur capacité à vendre notre disque comme on pouvait le faire nous-même. Je pense qu'on n'avait pas tort au final. En plus, viscéralement, pour plein de membres du collectif et du groupe, il y a une totale animosité envers leur manière de défendre la musique, de la vendre, et les positions qu'ils ont prises sur plein de choses dernièrement.



Pouvez-vous nous parler de votre scéno ? On avait entendu parler d'un live en 3D, avec des lunettes 3D !

High Ku :
On a essayé, oui. Ca marchait bien si tu étais vraiment devant, pas trop loin et pas trop bourré. Et ça, c'est l'autre partie en fait, quand je parle de collectif. Ce sont les vidéastes Fred & Anabelle qui font toutes les vidéos du concert. Ce sont eux qui ont donné pour le premier live des Groove Sessions l'idée de faire quelques passages en 3D. Nous, on trouvait ça sympa de donner des lunettes 3D. Là, ils ont travaillé complètement différemment. Ils sont partis aus Etats-Unis. En gros, on les laisse faire ce qu'ils veulent : quand ils nous expliquent, on ne comprend pas et quand ils reviennent en général, c'est très bien. L'idée, c'est vraimant de pouvoir développer tous ces univers avec les gens qu'on apprécie. Et aujourd'hui avec des MC, je pense qu'on a cette faculté à intégrer les gens avec qui on travaille petit à petit au projet, de leur laisser une part. Parce que Chinese Man, c'est avant tout un outil, dont on se sert actuellement et qu'on essaie de faire progresser et qui a pour but, derrière, d'aider les gens qui nous aident depuis le début à travailler.


Tu dis que c'est un outil, mais si vous, les membres fondateurs de Chinese Man vous partez, est-ce que vous seriez prêts à laisser le bébé à d'autres gens après vous ?

High Ku :
Si ça peut se faire, oui bien sur. Après, je pense que ce serait compliqué qu'on parte tous les trois. S'il n'en reste qu'un, on ne sait jamais, ça peut continuer. Et tout dépend aussi des gens qui sont dans le label, dans le collectif. Pour l'instant, c'est sur que c'est difficile pour moi de dire que ça continuera sans nous, étant donné qu'il n'y a pas encore vraiment de groupe signé sur le label. Mais l'idée, c'est que ça devienne ça par contre, que Chinese Man records puisse fonctionner sans Chinese Man.

Taïwan MC : C'est ça, d'un côté il y a le groupe, et de l'autre, le label qui était là déjà avant et sera là après.


Quels artistes seriez-vous intéressés de signer ?

High Ku :
C'est compliqué parce que c'est un rapport très... Là, le groupe dont on est en train de s'occuper et qui va sortir en fin d'année, Deluxe, c'était d'abord parce qu'on les connaissait. Je n'aurais jamais présumé qu'on travaille avec eux. Vu qu'on fait de tout : hiphop, drum n bass, on travaille avec des MC... je pense qu'il n'y a pas de direction claire donnée aux prochaines signatures. Ca passera d'abord par les rencontres, parce qu'on a vocation à aider les groupes qu'on signe à progresser dans le son, par rapport à l'expérience qu'on a acquise en tant que producteurs. Naturellement, ça va être nos proches : nos MC auront des projets et il y aura surement des choses qui se feront avec Chinese Man records.

Taïwan MC : C'est très familial.

Taïwan MC sur scène avec les Chinese Man au festival Terres du Son
Qui est la famille de Chinese Man ?

High Ku :
A Rio de Janeiro : Cabrón, en Indonésie : Dubyouth, Shaggy Dog, en France : Taïwan MC, Tchicky Al Dente, Clekclekboom, Favela Chic, plein de gens sur Marseille que j'oublie, Tchoumi d'Afrique du Sud, les Scratch Bandits Crew de Lyon, Femi Kuti, Sodi qui était le producteur de Fela Kuti et notre famille de Californie : Rollin Rockers, Lush One, Plex Rock, Ex-I, Cyph4.


En concert, ça vous arrive d'inviter les copains pour une date ?

High Ku :
C'est le cas, là, on est 7 sur scène.

Taïwan MC : Il faut venir voir ça !

High Ku : Ce soir, il y a Rollin Rockers, donc Lush One et Plex Rock qui nous rejoignent pour un mois sur la tournée. C'est une famille aussi parce qu'on travaille depuis longtemps ensemble, mais tu vois, il [Lush One] a quand même "Racing with the sun" tatoué sur son bras ! C'est un très beau projet, je pense qu'on est tous très contents de vivre ça. Ce qui est bien, c'est qu'à un moment, ce n'est pas une personne qui est moteur mais le projet en lui-même pour la musique qui en ressort, et que ce soit Chinese Man ou tous les autres groupes qui arriveront sur le projet.


Pour en revenir à la création de l'album, vous avez sorti un CD alors qu'avant, vous sortiez sur vynile. Votre démarche a-t-elle été différente cette fois-ci ?

High Ku :
Oui tout à fait. Pour la première fois, on a travaillé sur un ensemble de 15/16 morceaux. On n'est pas très productifs quand d'autres en font 40. L'idée, c'était vraiment d'avoir un truc qui se tienne de bout en bout, d'avoir aussi de la musique le plus possible agréable à écouter à la maison, tout en respectant aussi les univers de Chinese Man. C'est sur qu'on n'a pas proposé pareil parce que quand on produit pour les DJ, on pense plus en termes de réactions du public. Là, l'idée était plus que les gens trouvent ça beau à écouter.

Taïwan MC : L'"Intention de beauté" [rires]

High Ku : C'était important pour moi et pour le groupe, que cet album permette de voyager à travers différentes émotions, et que tu ne te retrouves à te dire "putain, mais qu'est-ce qu'ils ont fait ?".


Vous tournez pas mal, comment ça se passe à l'étranger pour Chinese Man, et notamment quel accueil recevez-vous en Asie ?

High Ku :
Quand on y est allés il y a deux ans, l'accueil était bon parce qu'on a un live relativement adaptable et transposable à l'étranger : on utilise pas mal de références assez connues en rock, hiphop qui accrochent même en Asie. Après, ce qu'on a compris en tournant en Asie c'est que jouer en Thaïlande est différent de jouer en Corée. En Corée, une petite scène électro se développe alors qu'en Thaïlande tu joues pour des expatriés. En Indonésie, c'est juste le coeur du truc : on a vraiment un très fort lien avec l'Indonésie pare qu'on a trouvé une scène là-bas qui nous a fait vraiment penser à ce qu'on a à Marseille : une super scène alternative. J'attends de visiter les autres pays d'Asie parce qu'en plus, ce sont des pays en mutation tellement rapide ! Ca dépend où tu joues dans les grandes villes mais ce qu'on a vu nous donnne envie d'y retourner pour mieux connaître. Après, il y a eu aussi des bons plans et d'autres qui nous ont moins plu, comme jouer dans une boîte de nuit pour expatriés à Bangkok. Par contre, jouer sur un parking en Indonésie devant 500 mecs en scooter et tous les vieux qui te regardent, ça c'était mortel.


Que trouve-t-on dans le Grenier des Chinese Man ?

High Ku :
De la beuh qui sèche [rires], des vyniles en masse, des vieilles platines, des VHS et des vieux baggy hiphop. Principalement des disques et des casquettes.


Merci beaucoup Chinese Man, et bon concert !


Interview du Grenier réalisée en collaboration avec Tits & Acid.
Pour en savoir plus, le site de Chinese Man

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